Rencontre avec Père U. KOUKOURA (Togo) à la maison paroissiale de Caudry

Père Ulrich Koukoura, du diocèse de Dapaong au Togo, est venu se mettre à disposition du doyenné tout l'été et en particulier de la paroisse Sainte Maxellende.

C'est avec une grande gentillesse que Père Ulrich a accepté de nous parler de son pays le Togo et de sa fonction au sein de l'église mais aussi de donner un message d'espoir à tous les catholiques de France et d'ailleurs. Le Togo est une ancienne colonie française devenue indépendante le 27 avril 1960.

 

"La barque de Saint Pierre ne sombrera jamais

et la barque de Saint Pierre : c'est l'église.

Le Christ ne peut pas abandonner son église."

Père U. Koukoura

 

Père Ulrich Koukoura: « J'ai quarante-neuf ans et le vingt-neuf décembre cela fera cinq ans que je suis prêtre. Je viens du Togo. Sa superficie estPere Ulrich Koukoura Pere Ulrich Koukoura   de 56600 km, sa longueur 600 km, sa largeur de 50 à 100 km, sa population autour de 6 millions. Quarante ethnies, quarante peuples vivent ensemble et le français est la langue qui nous unit. Lors des grands rassemblements, nous parlons français pour que tout le monde comprenne. Nous avons qu'un seul archevêque métropolitain qui se trouve à Lomé, à la capitale. Je suis prêtre dans la région des savanes, c'est la tête du Togo. Ce diocèse a été créé en 1991. Actuellement, c'est mon curé de paroisse qui en est l'évêque et à pris possession du diocèse le 5 février dernier. Nous avons à peu près quarante prêtres diocésains africains et le reste sont des missionnaires composés de blancs et de noirs.

Le diocèse est composé de dix-neuf paroisses, neuf tenues par les prêtres diocésains comme moi et dix par les missionnaires. Il y a plusieurs communautés religieuses masculines comme féminines et les plus importants carte du Togo carte du Togo  sont les franciscains car c'est eux qui ont évangélisé le diocèse. L'esprit franciscain est ancré dans nos pratiques, dans nos manières de vivre car nous étions formés dans l'esprit des franciscains, l'esprit de pauvreté, l'esprit de vie communautaire. A l'heure actuelle, l'évêque du diocèse est Mgr Dominique Guigbile (depuis le 15 nov 2016). Il a fait ses études à Strasbourg et notamment un doctorat. Il y a deux séminaires inter-diocésains ( le philosophât situé à Carat et le théolocât à Lomé). Tous les séminaristes commencent là. Mais de mon temps, les deux séminaires étaient regroupés en un seul appelé le séminaire Jean-Paul II de Lomé. Mais comme les séminaristes étaient très nombreux, il a fallu scinder le séminaire en deux. Cette année, si tout se passe bien, cinq diacres se feront ordonnés prêtres le 2ième samedi du mois de novembre. »

 

 

Pourquoi le choix de la France et de notre doyenné ?

 

Père U. KouKoura : « La France, chez nous on l'étudie entièrement, histoire, géographie, tout… A la maison, nous regardons deux chaînes : TV5mondes et France. L'antenne que nous avons ne capte pas bien la télévision nationale alors nous suivons la politique et l'actualité française. Nous sJardin du presbytère de Caudry : pères C. Sanon (Burkina-Faso), U. Koukoura, H. Le Minez ( paroisse sainte Maxellende) et M. Séri (Burkina-Faso) Peres C. Sanon U. Koukoura H. Le Minez M. Seri  
Au jardin du presbytère de Caudry :Pères C. Sanon (Burkina-Faso), U. Koukoura (Togo), H. Le Minez (paroisse Sainte Maxellende), M. Séri (Burkina-Faso)
Au jardin du presbytère de Caudry :Pères C. Sanon (Burkina-Faso), U. Koukoura (Togo), H. Le Minez (paroisse Sainte Maxellende), M. Séri (Burkina-Faso)
ommes au courant de tout ce qui se passe en France par les médias. Je connaissais la France par les images et maintenant je suis dans le concret. A
rrivé à Caudry, j'ai vu qu'au presbytère, il y a un prêtre africain aussi, celui-ci m'a mis à l'aise et puis l'abbé Hervé Le Minez, je le connaissais déjà. Ce n'est pas un étranger pour moi, je l'ai connu au pays, ce qui m'a permis de réintégrer vite  la communauté des prêtres. A Dapaong, presque tout le monde connaît Cambrai, du moins de nom. Les sœurs de Saint-Amand-Les-Eaux sont dans le diocèse de Dapaong déjà depuis des années, bien avant l'indépendance, dans les années soixante. Ici, dans l'organisation de l'église, les laïcs sont très impliqués, pas comme chez nous. Au Togo, il y a beaucoup de prêtres qui font le travail. Même la permanence au bureau ce sont les prêtres qui la tiennent... »

 

 

 

Comment envisagez-vous votre mission en tant qu’apôtre du Christ ?

 

 « Nous sommes dans l'optique de la mission de l'église universelle comme mon frère Marc l'a dit (Père M. Séri du Burkina-faso) ... Je crois que c'est à nous, maintenant de venir en France et de dire au français que la graine qu'ils sont venus semer en Afrique a porté du fruit et que c'est important. La fraternité qui existe entre nous montre vraiment l'universalité de l'église. Il n'y a pas de frontières, pas d'étrangers dans l'église dans l'église catholique, nous avons reçu le même baptême, les mêmes sacrements, nous sommes fils et fille d'un même Père. C'est au nom de tout cela que nous sommes ici. Bien sûr, nous somme aussi ici pour nous enrichir de nouvelles expériences, on n’arrête pas d'apprendre, on apprend toujours des autres. Peut-être dans le cadre d'un extra dans la mission ! Le Pape Benoit XVI lors du Jubilé de l'an 2000 nous l'a dit :  « Duc in altum » ou « Avance au large » ainsi que le pape François. Rester deux mois dans un pays, c'est quand même une mission. La mission ne se détermine pas au nombre des années. Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus disait : « Ramasser ne serait-ce qu'une petite aiguille, une petite feuille, par terre peut convertir une âme. » A notre ordination, on a promis obéissance aux évêques, s'ils jugent de nous envoyer ici ou là, nous sommes prêts à y aller si nous avons la santé nécessaire pour faire notre travail. »

 

 

Si vous aviez un message à faire passer aux français, lequel serait-il ?

 

 « ...Je suis très heureux de me retrouver au milieu de ceux qui nous ont apporté la bonne nouvelle même si aujourd'hui il y a une baisse de la pratique religieuse. Le nombre de consacrés a baissé énormément. Moi, j'ai toujours dit que je gardais confiance, la France, la fille aînée de l'église ne sera jamais abandonnée par Dieu car Dieu est toujours fidèle, il donne le temps aux hommes de faire des expériences contraires et après de revenir à lui. La France se trouve au cœur de l'Europe et je suis sûr que cette même France retrouvera ce qu'elle était avant, sa place de fille aînée de l'église. Ça, c'est ma conviction, j'ai toujours dit cela au pays car Dieu conduit son église. La barque de Saint Pierre ne sombrera jamais et la barque de saint Pierre c'est l'Eglise. Le Christ ne peut pas abandonner son Eglise. Ce n'est pas possible. Quand on lit l'histoire du peuple d'Israël, Dieu laisse le droit aux hommes de faire un choix contraire, de faire leurs expériences jusqu'au jour où ils crieront vers Dieu. Et là, il vient à leur secours car Dieu ne peut pas forcer ; le plus grand don qu'il a offert aux hommes, c'est  la liberté. C'est l'expérience que les français sont en train de faire et j'ai confiance que la pratique religieuse reviendra parce que les rues, les villages, les villes sont marqués du nom des saints et tout cela ne peut pas se perdre. A Paris la dernière fois, nous avons été à la rue du Bac, nous avons été chez les lazaristes voir la dépouille de Saint Vincent de Paul. Il y a d'autres lieux que je connais sur papier, Lourdes, le saint curé d'Ars. Quand j'ai vu sa statue à la basilique, je me suis arrêté devant, longuement pour l'admirer. Tous ces gens-là qui sont au ciel ne peuvent pas abandonner l'Eglise de France. Ma conviction, c'est que vous le petit reste de chrétiens français qui ont la foi, vous pouvez impacter sur la société. Ce n'est pas nécessairement le nombre mais le petit nombre peut impacter positivement la société française. Et vous devez vous tenir ferme dans votre engagement. Nous avons notre conviction et notre originalité comme chrétiens catholiques. C'est la mission de l'unique sauveur car le Christ quand il est venu, il a choisi un petit nombre d’apôtres, douze qui étaient comme une lumière qui a contaminé les autres et petit à petit, la foi s'est développée dans le monde. La petite lumière que vous êtes en France ne va pas s'éteindre, il faut faire confiance en Dieu. C'est la prière du petit monde qui soutient la France, qui la tient debout et qui sera reconnaissante même à titre posthume. »

 

Un grand merci au père Koukoura pour son message d'espoir,

sa disponibilité et sa bonne humeur.

 

Entretien du jeudi 07 juillet 2017 en présence de Père M. Séri - Maison paroissiale de Caudry

 

Article publié par Muriel Marin/ Paroisse sainte Maxellende • Publié le Mercredi 19 juillet 2017 - 15h47 • 857 visites

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